Le 20 septembre, un professeur de 38 ans, enseignant au collège César-Savart de Saint-Michel, dans l'Aisne, avait été retrouvé pendu à son domicile. Il avait laissé un mot chez lui annonçant qu'il allait mettre fin à ses jours, sans s'expliquer sur les raisons de son geste. La veille, il avait été placé en garde à vue à la suite d'une plainte déposée par un élève qui l'accusait de lui avoir donné un coup de poing dans une salle de classe, ce que l'enseignant niait. L'élève avait affirmé qu'un retard avait été à l'origine de cette supposée altercation, avec son refus de remettre son carnet de correspondance.
Mais tout récemment, le collégien a reconnu avoir menti. Et il va faire l'objet de poursuites judiciaires. L'adolescent, âgé de 15 ans, va être présenté à un juge pour enfant en vue de sa mise en examen pour dénonciation calomnieuse, a annoncé vendredi le parquet de Laon.
"L'élève M. a menti"
"Il est établi que les faits allégués sont inexacts", a indiqué le procureur de la République de Laon, Olivier Hussenet, dans un communiqué. "Tout au plus le professeur a-t-il empoigné le menton de l'élève, avec une certaine rudesse, pour lui faire relever la tête", provoquant une "douleur et un saignement" au niveau d'une dent cariée et cassée de l'élève, a-t-il ajouté. Mais le professeur "ne lui a porté ni un coup de poing, ni même une gifle, et ne lui a pas cassé une dent", a-t-il encore assuré. "L'élève M. a menti", a renchéri Francis Lec, avocat de la famille du professeur, lors d'une conférence de presse à Laon. "C'est un gâchis immense dans l'Education nationale qui se répète trop souvent. On n'a pas tiré les leçons du (procès d') Outreau", par rapport au recueil de la parole de l'enfant.
Pour le père de l'enseignant, qui entend se constituer partie civile, "l'objectif premier est atteint : rendre son honneur à mon fils. L'objectif second est maintenant de comprendre pourquoi et de savoir quel est le rôle des adultes dans cette machination". Reste que lors de son suicide, l'enseignant était en pleine procédure de divorce. Et que, selon le procureur de Laon, il est "téméraire" de privilégier un lien de causalité entre l'altercation avec son élève, la garde à vue et le suicide de l'enseignant.