Cette femme de 37 ans, installée à Agen (Lot-et-Garonne), a été séparée de sa fille en 1998 en Sierra Leone. Au cours d’une incursion des rebelles dans leur village de Bunban et des combats qui ont suivi, elles sont séparées. Emmenée de force par les rebelles, Sallay est éloignée de chez elle pendant plusieurs années. Elle réussit finalement à rejoindre la France en 2001.
A Agen, la jeune exilée tente de faire le deuil et fonde une nouvelle famille, avec un Sierra-Léonais comme elle. De cette union naissent trois autres enfants, âgés de 9 mois à 7 ans. Puis le hasard intervient dans la vie tourmentée de Sallay. En voyage aux Etats-Unis en 2006, elle croise, contre toute attente, à Philadelphie, une femme de son village d’origine. Passé la surprise, cette compatriote lui apprend que Dora est toujours en vie, qu’elle a été recueillie par des voisins à Bunban. Très vite, bouleversée, Sallay parvient à établir un contact téléphonique avec sa fille. D’Agen, Sallay entame alors un long processus administratif, avec l’aide d’un avocat, pour lui obtenir un visa. En deux ans, tout a été mis en oeuvre pour Dora : « Nous avons mobilisé des associations dans le Lot-et-Garonne comme le Réseau éducation sans frontières (RESF) ou la Ligue des droits de l’homme », explique M e Laurent Bruneau. L’avocat s’est même chargé de porter l’histoire de sa cliente à la connaissance du ministère des Affaires étrangères : « Rama Yade m’a indiqué dans un courrier qu’elle s’était instruite du dossier et que le visa allait être accordé », indique-t-il.
Elle va tenter d’obtenir un titre de séjour
Le 1 e r janvier, les efforts sont finalement récompensés. Dora arrive avec, en poche, un visa court séjour de trois mois. Très vite, il y a entre la mère et la fille « beaucoup d’émotion, car elles se sont construites en pensant qu’elles étaient mortes », témoigne Laurent Bruneau. Mais un nouveau défi doit être relevé : obtenir un titre de séjour. Hier, dans l’après-midi, Sallay et Dora ont été reçues dans une école d’Agen, où la jeune fille a été inscrite. Elle pourra s’y rendre dès lundi matin à 9 heures, avec les autres élèves. La nouvelle écolière bénéficiera en plus de cours de français renforcé. Cette démarche contribue évidemment à l’intégration de Dora aux yeux des autorités. Cela permettrait aussi surtout à Sallay de garder sa fille auprès d’elle. Pour Laurent Bruneau, l’enjeu de l’accueil de Dora est évident : « Sa vie est en France et pas ailleurs. »